L’œuvre de Molière ne sera finalement pas réécrite pour devenir plus accessible

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Un tweet a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux

Le 12 février dernier, un tweet de France Culture avait semé la zizanie chez les internautes français et francophones. La publication disait : « Des jeunes acteurs et autrices vont réécrire les pièces de Molière pour que les élèves puissent y avoir accès plus facilement, ou du moins, d’une manière nouvelle. La langue de Molière est-elle devenue trop ardue pour les écoliers d’aujourd’hui ? »

Beaucoup d’internautes et de Personnalités Publiques ont été Indignés

Ce tweet avait eu pour effet de consterner et d’indigner la majorité des internautes français dont Aurore Bergé, la présidente-déléguée du groupe La République en marche (LREM) à l’Assemblée nationale qui a argué que « sous couvert d’un prétendu égalitarisme, on considère donc que certains élèves ne pourraient pas avoir accès à Molière ? C’est insultant pour eux. »

De plus, des utilisateurs lambda n’ont pas manqué de fustiger l’initiative en la qualifiant de « décadence » ou encore d’« art de tirer les gens vers le bas… », et certains ont même dit adieu à la culture française. Pourtant, ce mécontentement pourrait bien être dû à un malentendu.

En effet, le tweet de France Culture faisait en fait référence à l’émission « Affaire en cours » qui relata la réécriture du Misanthrope, de L’Avare et de L’École des femmes dans le cadre de l’initiative pédagogique 10 sur 10.

Cette initiative, explique l’article de France Culture, relayé par 20 Minutes, invite dix auteurs et autrices francophones à proposer de nouvelles pièces destinées essentiellement à l’enseignement du français en langue étrangère (FLE).

Le Centre international de théâtre francophone en Pologne précise également que ce projet propose chaque année des résidences d’écritures réunissant dans un bel endroit en Pologne des auteurs venus des quatre coins du monde francophone pour publier des textes issus de ces résidences. Lesdits textes seront « dix pièces courtes, rythmées, actuelles, de 10 pages et 10 personnages tout spécialement écrites pour un public de jeunes qui apprennent le français ».

Face à la consternation générale sur les réseaux sociaux, Marc Escola, professeur à l’université de Lausanne et spécialiste de la littérature des 17e et 18e siècles, a déploré la façon dont les réseaux sociaux empêchent les personnes de prendre le temps de s’arrêter, de réfléchir et de s’informer avant de critiquer.

Il déclare également que « Molière n’a pas besoin d’être ‘dépoussiéré’ (…) le théâtre de Molière est un théâtre écrit par un comédien, il suffit et il faut jouer avec lui (…) Ceux qui croient devoir vouer un culte à son génie prétendument éternel devraient y prendre garde : ils en auront bientôt fait une momie. Ou un totem. »

10 mots français qui viennent de l’allemand

Trinquer, de drenkan, «boire»

Dès le XIIe siècle, des dérivés du verbe drenkan apparaissent en français. On lit la forme moderne «trinquer» sous la plume de Rabelais, dans le prologue du Tiers Livre, en 1546. Le terme arrive alors en français avec son sens étymologique, «boire», mais assorti de la nuance «boire avec excès». La signification actuelle, celle d’entrechoquer les verres avant de boire, est attestée dès le XVIIe siècle. Quant au sens figuré, «subir des désagréments, des dommages», il s’est répandu au XXe siècle.

Nouille, de Nudel, «pâte alimentaire»

En France, le mot est connu au XVIIe siècle, sous la forme nulle puis noudle, qui devient nouille au XVIIIe. S’il désignait d’abord une forme particulière de pâtes plates ou rondes, il a vite été employé de façon plus générale. Son sens figuré (personne niaise) est apparu vers 1930, par analogie avec la consistance molle des pâtes. Au début du XXe siècle, on moquait l’Art nouveau en le qualifiant de «style nouille», pour brocarder ses lignes ondulantes.

Accordéon, de Akkordion

C’est Cyrill Demian, facteur d’orgues et de piano d’origine arménienne et établi à Vienne (Autriche), qui invente l’accordéon moderne en 1829. Il le baptise d’après le terme de musique Akkord, «accord». Car cet instrument n’est pas conçu pour émettre des notes seules mais des accords, associations de plusieurs sons. Le bandonéon a, lui, été inventé en Allemagne. Il est nommé d’après le patronyme de Heinrich Band, qui possédait un magasin d’instruments et diffusa le bandonéon dans les années 1840.

Écologie, de Ökologie, écologie, «étude des milieux de vie»

Le terme a été formé par le biologiste et philosophe allemand E. H. Haeckel en 1866, à partir du grec oikos, «maison, habitat», et logos, «discours». Jusqu’à l’après Mai 68, «écologie» désignait la science qui étudie les milieux où vivent les êtres vivants. Le mot a pris à cette époque le sens de «doctrine visant à une meilleure adaptation de l’homme à son environnement», et de courant politique défendant cette doctrine.

Butin, du moyen bas allemand būte, «échange, partage»

Le français butin est attesté dès 1350. Il désigne d’abord l’action de partager, de répartir, puis, par métonymie, ce qui échoit en partage. Aux XV et XVIe siècles, son acception évolue et devient «ce que l’on prend à l’ennemi». Par extension, il est employé dès le XVIIe siècle pour le produit d’un vol.

Képi, du suisse alemanique Käppi, «bonnet»

Le terme suisse Käppi est un diminutif de l’allemand Kappe, lui-même emprunté au VIIIe siècle au latin cappa, «manteau à capuche». S’il revêt d’abord le sens de «bonnet» en allemand, il désignera plus tard cette coiffe rigide cylindrique portée par des officiers et sous-officiers de plusieurs corps, en France, Suisse, Belgique… En France, le terme est attesté en 1809. Un képissier est un ouvrier qui fabrique des képis.

Mouise, de l’alémanique Mues, «bouillie»

Ce mot, répandu dans l’argot du XIXe siècle, est à l’origine un mot dialectal de l’Est de la France : on parlait de mouesse ou de mousse pour une confiture grossière. Au XIXe siècle, mouise a d’abord désigné en français une mauvaise soupe, puis a pris pendant un temps la signification d’excrément, et enfin la valeur générale de pauvreté ou misère. Purée ou panade ont suivi plus ou moins le même cheminement. Au début du XXe siècle, une personne dans le besoin était un mouisard ou une mouisarde.

Allergie, de Allergie

Le biologiste autrichien Clemens von Pirquet a la paternité du concept d’allergie, qu’il a décrite dans les premières années du XXe siècle comme «une réaction altérée et excessive». Il unit les grecs allos, «autre» et ergeia, «action, travail, œuvre». Le mot a eu un beau succès en français, mais aussi en anglais, espagnol, italien… Son acception figurée, «hostilité instinctive», s’est répandue en France vers 1960-1970.

Plancton, de Plankton, « végétal qui erre dans la mer »

A la fin du XIXe siècle, le biologiste allemand Victor Hensen emprunte le grec plankton, «qui vogue au hasard», pour désigner des organismes généralement unicellulaires vivant en suspension dans les eaux douces ou salées, qu’ils s’agissent de larves, d’algues ou de végétaux microscopiques. Peu après, l’un de ses confrères inventa le terme necton pour nommer les organismes marins capables de se déplacer contre les courants (poissons, crustacés, mammifères marins). Il est basé, lui, sur le grec nêktos, «qui nage».

Vasistas, de was ist das, « qu’est-ce que c’est »

Ce terme apparaît en français au XVIIIe siècle, sous la forme wass-ist-dass puis sous sa graphie actuelle en 1798. C’est le nom d’un petit vantail mobile dans une porte ou une fenêtre. Il a d’abord circulé dans le Nord et l’Est de la France. On suppose qu’il est issu de la question «qu’est-ce que c’est?» posée aux visiteurs à travers un guichet ou un vantail. Par dérision, vasistas a aussi désigné la lucarne de la guillotine pendant la Révolution française.

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